L’organisation d’une entreprise influence profondément la manière dont les projets sont menés. Certaines structures favorisent la flexibilité et l’innovation, tandis que d’autres misent sur la stabilité et l’expertise métier. Comprendre ces structures organisationnelles est essentiel pour adapter son mode de gestion et maximiser l’efficacité de ses projets.
Dans cet article, nous explorerons les différents types de structures organisationnelles, leurs avantages et inconvénients, ainsi que leur impact sur la gestion de projet.
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Qu’est-ce qu’une structure organisationnelle ?
Une structure organisationnelle définit la manière dont une entreprise est organisée pour fonctionner efficacement. Elle détermine comment les rôles, responsabilités et processus sont répartis entre les équipes et services.
Dans le cadre de la gestion de projet, cette structure influence la communication, la répartition des ressources, le niveau d’autorité du chef de projet… la manière dont on va pouvoir mener le projet plus généralement. On distingue plusieurs grandes catégories de structures s’appuyant chacune sur des aspects particuliers.
Les différentes structures organisationnelles
La structure fonctionnelle : l’organisation traditionnelle en silos
Dans une structure fonctionnelle, les employés sont regroupés par département selon leur spécialisation (marketing, finance, ingénierie…). Chaque département fonctionne en autonomie, avec des interactions limitées entre services.

✅ Avantages :
- Forte expertise métier grâce à la spécialisation
- Stabilité des ressources et des responsabilités
- Clarté des rôles et des processus
❌ Inconvénients :
- Difficulté de communication entre services
- Manque de flexibilité pour les projets transversaux
- Autorité limitée pour le chef de projet
👉 Où la trouve-t-on ?
Les grandes entreprises industrielles et les administrations publiques privilégient souvent ce modèle pour sa structure stable et hiérarchisée.
La structure orientée projet : une organisation dédiée aux projets
À l’opposé, une structure orientée projet met l’ensemble de l’entreprise au service des projets. Il n’y a plus ou très peu de départements fonctionnels, et les équipes sont constituées spécifiquement pour chaque projet.

✅ Avantages :
- Priorité maximale aux projets
- Équipes dédiées et engagées
- Autorité forte du chef de projet
❌ Inconvénients :
- Instabilité des ressources (redéploiement constant d’une mission à l’autre)
- Coûts potentiellement plus élevés
- Nécessite une culture d’entreprise très axée projet
👉 Où la trouve-t-on ?
Les agences de conseil, les sociétés d’ingénierie et les grandes initiatives comme les JO ou ITER adoptent ce modèle.
La structure orientée produit : aligner les équipes sur les offres
Dans ce modèle, l’organisation se fait autour des produits ou services proposés. Chaque produit a sa propre équipe dédiée, intégrant différentes compétences (développeurs, marketeurs, designers…).

✅ Avantages :
- Meilleure vision stratégique autour du produit
- Cohésion et autonomie des équipes
- Adapté aux entreprises technologiques et SaaS
❌ Inconvénients :
- Coordination plus complexe entre équipes produit
- Possibles conflits de ressources entre projets et priorités produit
👉 Où la trouve-t-on ?
Les entreprises développant des logiciels SaaS ou des produits technologiques utilisent ce modèle, souvent couplé aux méthodes agiles.
Les structures matricielles : allier expertise métier et gestion de projet
Les structures matricielles cherchent à concilier les avantages des organisations fonctionnelles et orientées projet. Plutôt que d’imposer un modèle strictement vertical ou totalement transversal, elles superposent deux lignes hiérarchiques : l’une axée sur les fonctions traditionnelles (finance, RH, production, etc.), l’autre dédiée aux projets.
Cette approche hybride est particulièrement adaptée aux entreprises menant plusieurs projets en parallèle tout en conservant une expertise métier forte. Cependant, en fonction du degré d’intégration de l’approche projet, on distingue plusieurs variantes de structures matricielles.
Matricielle faible : une surcouche projet limitée
Dans une structure matricielle faible, l’entreprise reste avant tout organisée de manière fonctionnelle. Les projets existent, mais ils sont gérés en parallèle des activités habituelles, sans réelle autorité du chef de projet.
Dans ce modèle, la gestion des ressources reste aux mains des managers fonctionnels, ce qui peut compliquer l’avancement des projets. Le chef de projet joue alors un rôle de coordinateur, mais il doit constamment négocier avec les responsables hiérarchiques pour obtenir du temps et des ressources pour son projet.

✅ Avantages :
- Maintien d’une forte expertise métier au sein des départements
- Structure stable, idéale pour les entreprises ayant peu de projets transversaux
- Bonne gestion des ressources humaines, car chaque employé reste rattaché à son service
❌ Inconvénients :
- Faible autonomie des chefs de projet
- Risque de conflits entre priorités fonctionnelles et besoins des projets
- Communication entre services parfois laborieuse
👉 Où la trouve-t-on ?
Les entreprises industrielles, les services publics et les grandes structures où l’activité principale est fonctionnelle mais avec quelques projets transversaux ponctuels.
Matricielle forte : une organisation tournée vers le projet
Dans une structure matricielle forte, la gestion de projet est beaucoup plus intégrée à l’organisation. On retrouve souvent un service dédié aux chefs de projet, qui ont une autorité fonctionnelle sur leurs équipes.
Les collaborateurs peuvent être affectés à un projet pour une période déterminée tout en conservant un rattachement à leur département d’origine. Cependant, leur travail est piloté par le chef de projet, qui dispose d’une véritable capacité de décision.

✅ Avantages :
- Meilleure flexibilité pour gérer les projets complexes
- Plus grande autonomie pour les chefs de projet
- Équilibre entre spécialisation métier et besoins projet
❌ Inconvénients :
- Peut générer des tensions entre managers fonctionnels et chefs de projet
- Gestion des ressources plus complexe, car les collaborateurs ont une double appartenance
- Risque de surcharge pour certains employés travaillant sur plusieurs projets à la fois
👉 Où la trouve-t-on ?
Dans les entreprises technologiques, les groupes industriels menant plusieurs grands projets en parallèle et les entreprises ayant une culture projet bien ancrée.
Matricielle équilibrée
Entre les deux extrêmes, la structure matricielle équilibrée tente d’assurer un partage équilibré des responsabilités entre les managers fonctionnels et les chefs de projet.
Dans ce modèle, certains employés peuvent être nommés responsables de projet en plus de leur rôle fonctionnel, et les ressources sont partagées de manière plus fluide entre les projets et les départements.

✅ Avantages :
- Bonne répartition des responsabilités entre fonctionnel et projet
- Favorise la transversalité sans remettre en cause l’expertise métier
- Permet d’adapter la gestion en fonction des priorités de l’entreprise
❌ Inconvénients :
- Peut entraîner des zones de flou dans la répartition des rôles
- Coordination nécessaire entre plusieurs niveaux hiérarchiques
- Demande une communication claire pour éviter les conflits internes
👉 Où la trouve-t-on ?
Dans les entreprises ayant une part importante de projets tout en conservant une structure fonctionnelle forte.
Matricielle Produit / Projet : l’organisation des entreprises tech
Avec la montée en puissance des entreprises technologiques et des méthodes agiles, un autre type de structure matricielle a émergé : l’organisation matricielle produit/projet.
Dans ce modèle, les équipes sont regroupées par produit, mais doivent également travailler sur des projets transversaux impactant plusieurs produits ou services. Par exemple, une entreprise SaaS peut avoir des équipes dédiées à différents modules de son logiciel, tout en menant des projets d’amélioration transversaux impliquant plusieurs équipes.
👉 Pourquoi ce modèle est-il intéressant ?
- Il permet d’avoir des équipes dédiées à l’amélioration continue d’un produit
- Il favorise la collaboration entre les différentes équipes techniques et métiers
- Il est compatible avec les méthodes agiles et les cycles de développement rapides

✅ Avantages :
- Flexibilité maximale pour l’innovation
- Forte spécialisation des équipes tout en intégrant une vision projet
- Gestion optimisée des ressources entre produit et projet
❌ Inconvénients :
- Peut générer des conflits entre priorités court terme (projet) et long terme (produit)
- Coordination complexe, nécessitant des outils et processus adaptés
- Nécessite une culture d’entreprise très agile et collaborative
👉 Où la trouve-t-on ?
Dans les entreprises technologiques, les startups, les éditeurs de logiciels et les sociétés développant des solutions SaaS.
Les structures composites : une flexibilité adaptée aux besoins des projets
Les entreprises ne sont pas figées dans une seule structure organisationnelle. En plus du choix entre une approche fonctionnelle, matricielle ou orientée projet, elles peuvent également adapter leur mode de fonctionnement en fonction des projets menés.
Tous les projets n’ont pas le même poids stratégique ni les mêmes exigences en termes de ressources et d’autonomie. Une entreprise peut ainsi décider de donner plus d’indépendance à certains projets critiques, tout en conservant une gestion plus classique pour d’autres.
Exemples de structures composites en action
📌 Exemple 1 : Une entreprise avec une structure matricielle faible mais des projets stratégiques autonomes
Certaines entreprises fonctionnent principalement selon une organisation matricielle faible, où les chefs de projet ont peu d’autorité et où les ressources restent sous le contrôle des managers fonctionnels.
Cependant, pour certains projets de transformation majeurs, elles peuvent décider de créer des équipes projets dédiées, autonomes et détachées de la structure classique. Ces équipes regroupent des collaborateurs issus de plusieurs services et sont pilotées par un chef de projet avec une autorité renforcée.
➡ Pourquoi ? Ces projets nécessitent une forte agilité et un engagement total des ressources pour être menés efficacement, sans dépendre des priorités des départements fonctionnels.

📌 Exemple 2 : Une entreprise tech avec une double organisation et des projets transversaux
Dans le secteur technologique, certaines entreprises adoptent une structure mixte où différents modèles coexistent :
- Une organisation fonctionnelle pour les services comme la vente, le marketing ou le support client.
- Une organisation orientée produit avec des équipes dédiées à chaque ligne de produit et ses fonctionnalités.
En plus de cette double organisation, plusieurs niveaux de projets cohabitent :
🔹 Des projets transversaux au sein de la partie produit, menés entre différentes équipes techniques.
🔹 Des projets transversaux sur la partie fonctionnelle, impliquant plusieurs départements support.
🔹 Des projets stratégiques de grande envergure, qui nécessitent une équipe mixte regroupant des collaborateurs des deux structures, avec une forte autonomie et une gouvernance spécifique.
➡ Pourquoi ? Cette approche permet d’assurer une gestion efficace des produits et des services tout en facilitant l’innovation et l’adaptation aux évolutions du marché.

Une organisation évolutive selon les besoins
Ces structures composites illustrent l’idée que l’organisation d’une entreprise n’est pas figée. Elle peut ajuster son fonctionnement pour répondre aux enjeux spécifiques de ses projets, en modulant le niveau d’autonomie et la transversalité en fonction des besoins.
Cette flexibilité permet aux entreprises de combiner stabilité opérationnelle et agilité stratégique, un équilibre clé dans un environnement en constante évolution.
Des grands modèles et un continuum d’organisations
Les structures organisationnelles ne sont pas des modèles figés que les entreprises appliquent strictement. Elles servent avant tout de grandes lignes directrices pour comprendre comment une entreprise est organisée et comment elle mène ses projets.
Dans la réalité, la plupart des entreprises adoptent une structure composite, qui combine plusieurs approches en fonction de leurs besoins. La base de cette organisation est souvent matricielle, mais avec des tendances plus ou moins marquées vers l’un des trois grands modèles :
✔ Fonctionnel, lorsque l’entreprise privilégie la spécialisation des métiers et des départements.
✔ Projet, lorsque l’accent est mis sur la gestion transversale et l’autonomie des équipes projet.
✔ Produit, lorsque la structure est organisée autour de l’évolution et de la gestion des produits ou services.
Il n’y a donc pas de coupure nette entre ces modèles, mais plutôt un continuum où chaque entreprise positionne son organisation en fonction de ses activités, de sa culture et de ses objectifs.
Un équilibre en fonction des projets et des priorités
Ce qui varie d’une entreprise à l’autre, c’est le poids donné à chaque tendance et la manière dont différents types de projets sont gérés.
🔹 Une entreprise industrielle privilégiera une approche fonctionnelle, avec une organisation stable et spécialisée, mais pourra mettre en place des cellules projet autonomes pour gérer des transformations majeures.
🔹 Une société de conseil fonctionnera principalement en mode projet, avec des équipes dédiées par mission, mais pourra garder une structure fonctionnelle pour ses activités internes (RH, finance, etc.).
🔹 Une entreprise technologique orientée produit pourra structurer ses équipes autour des fonctionnalités de son logiciel tout en menant des projets transversaux pour innover et améliorer son offre.
En somme, chaque entreprise construit sa propre organisation en jouant sur ces tendances, en fonction de ses besoins stratégiques et opérationnels.
Peut-on choisir la structure organisationnelle de son projet ?
Lorsqu’on est chef de projet, on pourrait penser que l’on peut choisir la structure organisationnelle la plus adaptée à son projet. En réalité, ce n’est presque jamais le cas.
Dans 99 % des cas, la structure est déjà en place au sein de l’entreprise et dépend de son histoire, de sa culture et de son mode de fonctionnement général. En tant que chef de projet, on doit donc composer avec cette organisation, en en comprenant les forces et les limites pour mener à bien son projet.
S’adapter à la structure existante
Plutôt que de choisir sa structure, le rôle du chef de projet est d’apprendre à fonctionner avec celle en place :
✔ Identifier comment sont réparties les responsabilités (entre managers fonctionnels, chefs de projet, équipes produit…).
✔ Comprendre les circuits de décision et les processus pour obtenir des ressources et faire avancer le projet.
✔ Tirer parti des forces de la structure (stabilité d’une organisation fonctionnelle, agilité d’une structure projet, expertise métier d’une organisation matricielle…).
✔ Mettre en place des solutions pour contourner certaines limites (difficultés de communication, manque d’autonomie, arbitrages complexes…).
Une influence limitée, sauf pour les projets stratégiques
Dans certains cas, notamment sur des projets critiques pour l’entreprise, il est possible d’influer légèrement sur la structure mise en place :
🔹 En demandant une équipe dédiée pour éviter de dépendre des départements fonctionnels.
🔹 En proposant un mode de fonctionnement transverse lorsque le projet concerne plusieurs services.
🔹 En structurant l’organisation autour d’un pilotage spécifique, avec des instances de gouvernance adaptées.
Toutefois, ces ajustements sont rares et doivent être validés par la direction.
Faire avec plutôt que choisir
En tant que chef de projet, on ne choisit pas la structure organisationnelle, mais on peut apprendre à en tirer le meilleur parti. Comprendre l’organisation de son entreprise et savoir comment naviguer dans ses contraintes est une compétence clé pour mener ses projets avec succès.
L’impact du télétravail sur les structures organisationnelles
Le télétravail a transformé la collaboration en entreprise, mais il n’a pas modifié en profondeur les structures organisationnelles. Quelle que soit l’organisation en place (fonctionnelle, projet, produit, matricielle ou composite), les défis restent globalement les mêmes :
✔ Moins d’interactions spontanées entre collègues
✔ Communication plus formelle et structurée
✔ Besoin accru d’outils digitaux pour assurer le suivi des projets
✔ Davantage d’autonomie pour les équipes et les individus
Autrefois, la proximité physique permettait de fluidifier les échanges et de débloquer rapidement des situations. Avec le télétravail, ces interactions doivent être compensées par des outils numériques et une meilleure structuration du travail.
📌 Cela a plusieurs conséquences :
🔹 L’organisation interne devient moins visible : les frontières entre services, projets et produits s’estompent au profit d’une collaboration plus fluide.
🔹 La structure a moins d’impact sur la gestion des projets : le travail étant numérique et transversal, les méthodes de gestion priment sur le modèle organisationnel.
🔹 Les entreprises adoptent plus de flexibilité : certaines rigidités liées aux modèles fonctionnels ou matriciels sont atténuées par la digitalisation des processus.
Au final, le télétravail ne change pas les structures en elles-mêmes, mais il force les entreprises à adapter leur manière de fonctionner. Il accélère la transition vers des organisations plus agiles, collaboratives et moins cloisonnées, quel que soit le modèle de départ.
Conclusion
Les structures organisationnelles influencent directement la gestion des projets. Que l’entreprise soit fonctionnelle, projet-centrée, matricielle ou hybride, le chef de projet doit apprendre à naviguer dans son environnement et à en tirer parti.
Si l’on ne choisit pas toujours la structure dans laquelle on évolue, on peut cependant adapter sa gestion pour maximiser la réussite des projets. Et avec le développement du télétravail, les entreprises réinventent peu à peu leur manière de fonctionner.
Et vous, dans quel type de structure travaillez-vous ?
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