Accueil » Articles » Prendre de meilleures décisions en gestion de projet : un guide pratique

La prise de décision est au cœur du management de projet. Chaque choix influence directement l’avancée, la qualité et la réussite d’un projet. Cependant, prendre de bonnes décisions dans un contexte souvent incertain et complexe n’est pas une tâche facile. Cela nécessite à la fois des compétences analytiques, une compréhension claire des objectifs et une capacité à gérer l’imprévisible. Dans ce cadre, comment prendre de meilleures décisions pour son projet ?

Explorons ensemble les principes clés pour améliorer la qualité de nos décisions en gestion de projet, tout en intégrant l’incertitude et les biais cognitifs qui peuvent influencer le processus.


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L’importance des décisions dans la réussite d’un projet

La réussite d’un projet repose principalement sur deux facteurs : la chance et la qualité des décisions prises. Bien que la chance soit hors de contrôle, la qualité des décisions peut être optimisée. Chaque décision, qu’elle soit petite ou stratégique, a un impact sur le déroulement et le succès d’un projet.

Prendre une bonne décision, c’est quoi ?

Une bonne décision maximise les chances d’atteindre les objectifs du projet tout en minimisant les risques. Cependant, il ne s’agit pas d’un concept absolu. En gestion de projet, l’avenir est toujours incertain et les résultats ne sont jamais garantis à 100 %. Une bonne décision doit donc s’appuyer sur une analyse probabiliste : quel scénario a le plus de chances de se produire ? Quelle alternative permet d’optimiser les résultats tout en limitant les effets indésirables ?

Dans ce contexte, il est essentiel d’avoir une vision à long terme et de comprendre que chaque décision ne peut être évaluée isolément. Ce n’est pas le résultat d’une seule décision qui compte, mais la capacité à en prendre régulièrement de bonnes. Une entreprise ou une équipe projet doit s’efforcer d’améliorer continuellement la qualité de ses décisions, plutôt que de chercher la décision parfaite à chaque étape.

Clarifier les objectifs pour guider les décisions

L’un des principes de base pour prendre des décisions efficaces est de savoir clairement ce que l’on souhaite obtenir. Trop souvent, les équipes se précipitent dans des choix sans avoir une vision claire de l’objectif final. Cela conduit à des décisions mal orientées, qui peuvent nuire à la réussite globale du projet.

Pour éviter cela, il est fondamental de clarifier les objectifs dès le départ. Chaque décision doit être en phase avec la finalité du projet. Cela permet de mieux structurer le processus décisionnel et d’éviter de s’égarer dans des discussions inutiles sur des alternatives qui ne répondent pas aux besoins essentiels.

Prenons un exemple concret : si le projet vise à améliorer l’expérience utilisateur d’une application, chaque décision – que ce soit le choix de fonctionnalités ou la répartition des ressources – doit contribuer à cet objectif central. Se poser la question « quel est l’impact de cette décision sur l’expérience utilisateur ? » est un filtre puissant pour rester aligné.

Intégrer l’incertitude dans le processus de décision

L’incertitude est un élément incontournable de la gestion de projet. Même avec les meilleures analyses, le futur reste imprévisible. Il est donc crucial d’adopter une approche flexible, capable de prendre en compte cette incertitude.

Lorsque vous prenez des décisions, il est important de comprendre que le succès ne repose pas uniquement sur votre choix, mais aussi sur des facteurs extérieurs incontrôlables. Cependant, il est possible de réduire l’incertitude en élaborant plusieurs scénarios et en préparant des plans d’action pour les différentes éventualités.

Comment intégrer l’incertitude ?

Au lieu de se baser uniquement sur des valeurs moyennes (comme une date de livraison ou un budget précis), il est essentiel de prendre en compte l’incertitude. En réalité, les décisions basées uniquement sur des moyennes peuvent souvent être mauvaises, car elles négligent toute la variabilité qui existe autour de cette moyenne. 

Au-delà de la moyenne, il faut regarder qu’est-ce qui se passe autour de cette moyenne. Dans quelle fourchette on a la majorité des valeurs ? Quels sont les extrêmes possibles… Ces éléments peuvent avoir un impact important et doivent être pris en compte dans le processus de décision.

Par exemple, avec une même moyenne 100, les risques ne sont pas les mêmes si on a 80 % de chance d’être en 90 et 110 que si on a 20 % de chance d’être à 50 et 80 % de chance d’être à 112,5. Dans le premier, on reste assez proche de la moyenne dans quasiment tous les cas, dans le second, on peut soit être un peu au-dessus soit être à moitié moins. Ce cas plus extrême peut avoir des conséquences non négligeables qu’il faut prendre en compte dans la décision.

Comprendre et corriger les biais cognitifs

Nous sommes tous sujets à des biais cognitifs qui influencent nos décisions. Ces biais peuvent conduire à des choix irrationnels, même si nous pensons agir de manière logique. Dans le cadre de la gestion de projet, certains biais sont particulièrement dangereux, car ils peuvent déformer la perception de la réalité et entraîner des décisions inadaptées.

Le biais de moyenne

L’un des biais les plus courants est le biais de moyenne. Il consiste à se focaliser uniquement sur la moyenne des données disponibles, en ignorant la variabilité ou les écarts possibles. Par exemple, dans une analyse de coûts, se baser uniquement sur la moyenne des estimations pourrait conduire à sous-estimer les coûts réels si l’incertitude est élevée.

Comment corriger ce biais ?
La première étape est d’en prendre conscience. Ensuite, il est recommandé d’utiliser des outils spécifiques pour rendre visible la variabilité des scénarios, comme les écarts types, les analyses de risques, ou encore les simulations de Monte Carlo. Ces techniques permettent de visualiser les impacts potentiels de l’incertitude et d’ajuster les décisions en fonction.

Le biais de sur-optimisme

Un autre biais fréquent est celui du sur-optimisme, où les gestionnaires de projet sous-estiment les difficultés et surestiment leur capacité à livrer dans les temps. Pour lutter contre cela, il est essentiel de réaliser des revues régulières et d’impliquer des parties prenantes externes dans l’évaluation du projet.

Une prise de décision rationnelle, mais pas seulement

La prise de décision en gestion de projet doit reposer sur une approche rationnelle, particulièrement dans un environnement professionnel où il est crucial d’expliquer et de justifier ses choix. Cependant, il est parfois nécessaire de faire appel à l’intuition.

Dans certains cas, malgré une analyse détaillée, les données peuvent ne pas suffire à départager les options. C’est là qu’intervient l’expérience. Les décisions intuitives, basées sur des années de travail et de vécu, peuvent compléter les outils rationnels. L’intuition n’est donc pas une absence de raisonnement, mais plutôt une synthèse inconsciente d’expériences passées.

Dans ce cadre, l’intuition peut être un moteur puissant pour générer des idées, mais ces idées doivent être vérifiées et analysées de manière rationnelle par la suite. Cela permet de s’assurer que notre intuition est bonne et de valider l’idée que l’on a eu. On pourra aussi de cette manière la justifier.

Dans un cadre professionnel, il est toujours conseillé de documenter le processus décisionnel afin de justifier les choix faits aux parties prenantes.

Conclusion : Optimiser la qualité des décisions dans la durée

Améliorer la prise de décision dans un projet ne se fait pas du jour au lendemain. Cela nécessite une réflexion continue sur les méthodes utilisées, l’identification des biais cognitifs et l’adoption d’une approche intégrée de l’incertitude. Le but ultime est d’améliorer la qualité des décisions sur l’ensemble du projet, en augmentant la proportion de choix efficaces.

Les gestionnaires de projet doivent donc adopter une vision systémique de la prise de décision, en évaluant non pas chaque décision de manière isolée, mais les tendances globales de l’ensemble du processus.


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